Classica, février 2016
A.T.
 
La Fanciulla del West
On ne rend pas service au réalisme d'opéra en le montrant de près. Le premier acte de La Fanciulla del West peut être une merveille de fantaisie lyrique sur l'Ouest tel qu'on le rêve. Au théâtre, ça peut être magique, quand c'est ressemblant. À l'oeil indiscret de la caméra le patchwork montre ses trous, surtout avec l'absence de couleurs décidée par la redoutable costumière, Dagmar Niefind. C'est moche, c'est tristounet, pas un instant on n'y croira. Et un Puccini auquel on ne fait pas croire... On préférera en DVD le Far West vu du Met, avec Domingo, Milnes et Barbara Daniels; ou la simplification de Stockholm avec Stemme et Antonenko, tous deux sublimes. Stemme ici est égale à elle-même, extraordinaire de justesse, d'engagement, toujours aussi peu italienne que possible. Mais le beau Jonas, il faut bien le dire, ne suffit pas à faire la différence. Il n'y a pas de note qu'il ne sorte, et la ligne de chant, le modelé sont d'un prince: mais c'est gris de bout en bout, et c'est de la couleur qu'on veut ici, pas de la nuance. Deux beaux personnages scéniques en tout cas. Konieczny à côté, bête de scène lui-même, est vocalement surtout butor: un beuglement de bout en bout. Le tout additionné ne procure que des félicités relatives.






 
 
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