Le Soir, 06/08/2014
SERGE MARTIN
 
Jonas Kaufmann, Don Carlo
 
Mais qu’est-ce qui fait courir les foules ? La beauté d’un timbre fait de lumière et d’ombre : un aigu éclatant et corsé, un médium solide et porteur, une diction exemplaire dans toutes les langues. Le tout mis au service d’une incarnation juste et fouillée des rôles abordés. Le ténor Jonas Kaufmann est un surdoué qui est aussi un grand pro. Et cela s’entend.

Le miracle des miracles, cette production salzbourgeoise d’Antonio Pappano et Peter Stein. Une lucidité de la direction d’acteurs perceptible dans ce mélange de grandes fresques imposantes et de gros plans hallucinés. Rarement Don Carlo a-t-il aussi bien montré le poids oppressant de l’Inquisition. Rarement direction d’orchestre aura-t-elle combiné une sensualité enveloppante à un dramatisme aussi concentré.

Un total bonheur vocal pénètre la psychologie de chaque protagoniste : Philippe II arrogant, mais vieux et solitaire de Salminen, Eboli conquérante de Semenchuk, Posa entier mais torturé d’Hampson, terrifiant inquisiteur d’Halfvarson et surtout, lumineux dans leurs rencontres, éperdus et engagés dans leur solitude, ce couple miraculeux de l’Elisabetta d’Harteros et du Carlo de Kaufmann. Un spectacle parfait.









 
 






 
 
  www.jkaufmann.info back top