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L'opéra, Magazine, 11/2008 |
Monique Barichella |
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BIZET: CARMEN
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Carmen
: Anna Caterina Antonacci
Don José : Jonas Kaufman
Escamillo : Ildebrando d’Arcangelo
Micaëla : Norah Amsellem
Frasquita : Elena Xanthoudakis
Mercédès : Viktoria Vizin
Le Dancaïre : Jean-Sébastien Bou
Le Remendado : Jean-Paul Fouchécourt
Zuniga : Matthew Rose
Moralès : Jacques Imbrailo
Lilas Pastia : Caroline Lena Olsson
Le guide : Anthony Debaeck
Orchestre du Royal Opera House
Direction Antonio Pappano
Mise en scène Francesca Zambello
Londres : décembre 2006
Decca
Captée au Covent Garden de Londres en décembre 2006, cette réalisation
confirme, dans ses grandes lignes, les qualités visuelles et musicales du
spectacle (voir O. M. no 15 p. 52 de février 2007). Superbement filmée par
Jonathan Haswell, la production d’un classicisme défiant les modes de
Francesca Zambello nous propose une vision fidèle à l’esprit du
chef-d’oeuvre de Bizet, capable de séduire le public le plus large tout en
évitant les poncifs folkloriques. Surtout que les plans rapprochés, auxquels
le réalisateur a fréquemment recours, atténuent le côté inutilement
spectaculaire de l’ensemble. L’oeil de la caméra permet notamment de créer
une atmosphère d’intimité appréciable dans la taverne de Lilas Pastia, le
spectateur ayant vraiment l’illusion de se trouver dans un cabaret ibérique
enfumé, au milieu de danseurs de flamenco. Dramatiquement, les gros plans
accentuent, comme il se doit, à la fois les qualités et les défauts des
interprètes, révélant aussi certains aspects estompés depuis la salle.
Cinégénique comme aucun Don José avant lui, Jonas Kaufmann crève l’écran,
avec un visage beau et expressif qui n a rien à envier au charisme des
vedettes du Septième Art. Un atout qui vient s ajouter à tous les autres
naturel, émotion, élégance et perfection du chant, français impeccable...
Rien que pour lui, cette Carmen est indispensable, quelle que soit
l’admiration que l’on conserve, pour s’en tenir au DVD, pour Jon Vickers
(DG), Placido Domingo (Gaumont et TDK) et José Carreras (DG). La
prononciation est d’ailleurs l’une des qualités principales de l’ensemble du
plateau, avec quelques réserves s’agissant de l’Escamillo d’Ildebrando
d’Arcangelo, pourtant plus à l’aise que lors de la représentation à laquelle
nous avions assisté. Aucune distribution internationale n avait jamais
réussi un tel sans-faute linguistique, y compris au niveau des choeurs. Sous
la baguette alerte d’Antonio Pappano, on saluera l’exceptionnelle rigueur
vocale et stylistique d’Anna Caterina Antonacci, sensiblement supérieure par
rapport à sa prestation le soir de la première, même si son personnage ne
nous convainc toujours pas complètement. Les gros plans accentuent en effet
le côté monolithique de cette Carmen, uniquement pulpeuse et aguichante, qui
nous inspire bien peu d’empathie malgré une scène finale magistrale. Enfin
et surtout, la caméra, scrutant avec complaisance le généreux décolleté et
les cuisses offertes de la cantatrice italienne, ajoute une touche de
vulgarité qui n’est en rien la responsabilité de l’interprète. |
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