Opéra, septembre 2012
Monique Barichella
 
Bizét: Carmen
 
Enregistrée à la Philharmonie de Berlin du 16 au 21 avril 2012, au lendemain de la nouvelle production donnée au Festival de Pâques de Salzbourg, cette Carmen est plutôt une bonne surprise par rapport aux représentations (voir O. M. n° 74 p. 41 de juin).

Les micros, en effet, changent la donne en permettant d'entendre, chez Magdalena Kozena, des détails imperceptibles de la salle du Grosses Festspielhaus, où elle passait la rampe avec difficulté. Côté voix, nous entendons ici une Carmen mezzo, mais au timbre clair et au bas médium limité. Pas vraiment les qualités que l'on attend, a priori, de l'héroïne de Bizet, du moins aux oreilles de la majorité des auditeurs ! Ceci posé, on ne peut que saluer une interprétation à la fois raffinée et scrupuleuse qui, avec le concours d'une prise de son avantageuse, franchit les écueils de manière certes artificielle, mais irréprochable. Sans l'Escamillo rédhibitoire de Kostas Smoriginas -timbre ordinaire, court d'aigu comme de grave, prononciation défectueuse, alors que le français est impeccablement respecté par tous, y compris par des choeurs exceptionnels -, le reste du plateau ne manquerait pas de relief.

Genia Kühmeier est ainsi l'une des Micaëla les plus lumineuses de la discographie. Jonas Kaufmann s'impose comme un Don José au timbre et aux accents particulièrement virils, respectueux des nuances, en particulier dans le final piano de l'air «de la fleur». Jean-Paul Fouchécourt en tête, les seconds plans sont solides.

L'orchestre, enfin, est de toute beauté, sous la direction élégante et contrastée de Simon Rattle, Sauf que le souci du détail s'exerce aux dépens de la théâtralité, Cette lecture sophistiquée, trop léchée et hédoniste, manque de tension dramatique dans la continuité, malgré l'intensité de certains moments, tel l'affrontement final. Un défaut accentué par la sécheresse des dialogues, réduits au minimum.

 
 






 
 
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