ClassicsTodayFrance

Christophe Huss

Madama Butterfly

On retrouve ici les vertus de l'enregistrement d'opéra en studio, qui se sont évanouies avec la crise. Douze jours ont été utilisés pour peaufiner le produit autour du couple Gheorghiu-Kaufmann, un projet réalisé dans les règles de l'art, car il ne perd jamais son influx et sa tension dramatique. Le mérite en revient à la direction sans cesse agissante de Pappano, qui mène parfaitement les scènes dans un élan continu (et pas du tout "en mosaïque"). L'autre grande satisfaction du disque est Angela Gheorghiu. En l'occurrence, le disque (contrairement à une vidéo) permet d'y croire. Même si on sait que personne ne peut donner l'illusion d'avoir un âge proche de celui du rôle, Gheorghiu rend justice sans l'abus d'artifices que l'on pouvait craindre à la dimension de jeune femme candide blessée. Son acte 2, notamment, est suprêmement bien conduit. Comme dans son récital, on tique d'abord un peu sur Jonas Kaufmann chantant italien. Mais, comme dans le disque, l'aura du chanteur et son flair dramatique sont tels qu'on s'habitue à sa manière. Le duo est évidemment un grand moment. Shkosa n'est pas la Suzuki du siècle, mais elle fait l'affaire et les autres sont bien distribués. Evidemment, Karajan, avec Freni et Pavarotti, trône très très haut. Mais ce beau coffret nous redonne goût dans le soin du détail que permet ce type d'enregistrement par rapport aux captations DVD.