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La Libre.be/03/2009 |
Nicolas Blanmont |
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Angela en geisha
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Gheorghiu change de ténor.
On laissera aux exégètes de la pipeulologie la question de savoir si ce
changement de partenaire à la scène (ou, en l’occurrence, au studio) trahit
ou non une crise à la ville ou s’il s’agit simplement d’un effet de la
guerre entre firmes de disque (elle a quitté Universal pour EMI, alors que
lui faisait le chemin en sens inverse), mais l’événement discographique est
là : pour ce nouveau jalon dans la série des enregistrements pucciniens
réalisés pour EMI par Antonio Pappano, la soprano roumaine Angela Gheorghiu
abandonne son ténor franco-sicilien de prédilection et le remplace par un
Allemand des plus en vue. Exit Roberto Alagna, qui avait gravé pour Pappano
"La bohème" (sans Gheorghiu !), "Il Trittico", "La Rondine" et "Tosca",
place à Jonas Kaufmann.
Le résultat ? Des plus réussis. Certes, le ténor allemand a un style plus
germanique qu’italien, mais la voix est superbe et ce qu’il fait ne messied
nullement au personnage de Pinkerton (un des rares ténors vraiment
antipathiques du répertoire !). Et Gheorghiu, si elle ne le chante pas
(encore ?) à la scène, incarne splendidement ici le personnage de Cio-Cio
San.
Mais la palme va à Antonio Pappano : l’ancien directeur musical de la
Monnaie est décidément un pucciniste de haut vol, capable d’expressivité
dramatique sans jamais tomber dans le sentimentalisme facile, apte aussi à
construire toute l’évolution dramatique de l’action en mettant en valeur
toutes les couleurs de l’orchestre. En l’occurrence, celui de l’Accademia
Santa Cecilia de Rome, le chef italo-américain préférant cette fois sa
phalange italienne à sa phalange londonienne. |
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